L’année 2024 débute avec des nuances sur le front de l’emploi en France, révélant les défis auxquels les entreprises font face. Les intentions d’embauche connaissent des variations, et les dynamiques sectorielles ainsi que les disparités régionales jouent un rôle significatif dans cette toile complexe.
Des intentions d’embauche en recul, mais une résilience palpable
Au commencement de l’année 2024, seules 32 % des entreprises françaises ont l’intention d’accroître leurs effectifs, marquant un recul par rapport au trimestre précédent. Cette tendance, mise en lumière par le Baromètre trimestriel de ManpowerGroup, reflète l’impact de la crise économique qui s’installe (on se souvient d’Indeed qui a réduit ses effectifs de 15%, ce qui est énorme).
La prévision nette d’emploi, bien que positive à +19 %, enregistre une baisse de 9 points par rapport à la fin de 2023, signalant un début d’année en demi-teinte. Les entreprises, confrontées aux conséquences de l’inflation, aux inquiétudes liées à la dette Covid, à des conditions d’accès au crédit plus difficiles, et à un manque de visibilité sur l’avenir, ajustent leurs projets d’embauche en fonction de cette réalité économique.
Une analyse par taille d’entreprise : du dynamisme à la prudence
Les intentions d’embauche varient notablement en fonction de la taille des entreprises. Les groupes de très grande envergure, employant entre 1 000 et 4 999 salariés, affichent un optimisme exceptionnel avec une prévision nette d’emploi de +41 % (avec un besoin conséquent de commerciaux pour les entreprises les plus dynamiques).
Néanmoins, les grandes entreprises, comptant entre 250 et 999 salariés, reculent légèrement, établissant une prévision nette d’emploi à +32 %. Les entreprises de taille moyenne, de 50 à 249 salariés, enregistrent une baisse significative à +15 %. Les petites PME, employant de 10 à 49 salariés, continuent leur tendance à la baisse avec une prévision nette d’emploi de +12 %. Enfin, les TPE de moins de 10 salariés affichent une légère hausse à +10 %, mais cela marque une diminution par rapport au trimestre précédent.
Des disparités régionales dans les intentions d’embauche
Les projets de recrutement varient également d’une région à l’autre. Les régions telles que l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Provence-Alpes-Côte d’Azur se démarquent avec des perspectives très encourageantes, affichant une prévision nette d’emploi de +28 %. En revanche, certaines régions connaissent des situations moins favorables.
En Bretagne, par exemple, les perspectives sont neutres avec une prévision nette d’emploi nulle, alors que la Normandie affiche un solde net de +2 %. Les autres régions françaises présentent des performances moyennes, allant de +11 % pour le Centre-Val de Loire à +16 % pour l’Occitanie et l’Île-de-France. Toutefois, la région parisienne anticipe des fluctuations importantes en 2024 en raison des Jeux Olympiques.
Des secteurs en mouvement : entre dynamisme et difficultés
Le secteur des Technologies de l’information maintient son dynamisme, avec une prévision nette d’emploi de +30 %. Malgré une légère baisse, il reste en tête des domaines d’activité les plus actifs en France. À l’inverse, le secteur des Biens de consommation et services affiche un solde net des intentions d’embauche de seulement +8 %, indiquant des difficultés, notamment pour les commerces de proximité. La Communication et les services connaissent une prévision nette d’emploi de +30 %, avec une croissance remarquable de 22 points en rythme annuel. Dans le secteur de l’Énergie, la prévision nette d’emploi reste stable à +24 %, soutenue par les besoins croissants liés à la transition énergétique.
Des perspectives internationales : la France dans un contexte intermédiaire
Comparé à d’autres pays européens, le solde net des perspectives d’emploi en France (+19 %) apparaît moyen. Des pays tels que les Pays-Bas, la Belgique, la Suisse, le Portugal, le Royaume-Uni, la Finlande, et l’Allemagne présentent des évolutions plus favorables au cours du premier trimestre 2024. À l’échelle mondiale, des nations comme le Costa Rica, l’Inde, les États-Unis, le Mexique, la Chine, et le Brésil affichent des perspectives d’embauche plus robustes.
La pénurie de talents persistante : un défi majeur
Dans un contexte économique tendu, 80 % des dirigeants d’entreprises déclarent rencontrer des difficultés pour trouver les talents nécessaires. Cette pénurie touche particulièrement les secteurs de la santé, du transport, et de l’industrie. Les compétences en informatique restent les plus difficiles à trouver, activement recherchées dans les secteurs technologique et de la communication. Les entreprises envisagent des stratégies flexibles, telles que des changements dans le lieu de travail, des augmentations salariales, des horaires flexibles, et des primes à l’embauche, pour surmonter ces défis de recrutement persistants.
Ce regard approfondi sur le marché de l’emploi en France en début d’année 2024 révèle une dynamique nuancée, entre résilience et ajustements stratégiques.